Vendredi soir je suis allée SEULE faire un saut à la médiathèque pour me procurer
le livre dont avait parlé notre chère Au petit bonheur par ici, dans son billet du 1er Avril ...
J'en ai profité pour choisir une nouvelle histoire de Mélanie Rutten pour les enfants, puis je me suis mise en quête d'un bon Sempé.
Personne ne me tirait le jupon, personne ne me demandait de le connecter à un jeu vidéo sur l'ordinateur de la médiathèque, personne n'essayait de m'échapper en filant vers l'ascenseur, personne ne m'interrompait dans mes pensées ni n'essayait d'arracher le casque audio à son support mural pour écouter l'histoire en libre service ... bref, j'étais enfin "tranquille le chat".
Après l'avoir interrogé, un des employés de la médiathèque m'a gentiment indiqué où trouver quelques ouvrages de Sempé. J'ai sur le champs emprunter les deux seuls ouvrages disponibles.
Mon butin sous le bras, je suis repartie pleine d'allégresse et d'espièglerie (#Candie) en direction de la maison, allégresse et espièglerie qui m'ont quittée dès la montée d'escaliers d'où j'ai vite perçu, derrière la porte blindée, les braillements de la chair de ma chair, Couiny...
Ma vie de femme n'a pu reprendre son cours qu'à partir de 8h30 le samedi matin, heure à laquelle j'ai enfin pu me ré-installer dans mon lit, après avoir redonner un peu de gonflant à mon oreiller (malmené par une nuit habituelle de tournements et retournements de tronche) pour commencer la lecture de Par Avion.
Tandis que les perspectives d'une immense délectation s'offraient à moi (les enfants regardaient paisiblement Chica Vampiro et Sweety s'était rendormi), je tombe, à la première page tournée, sur ça :
Cet ouvrage était dédicacé à l'attention d'une certaine Françoise qui l'avait abandonné aux bras impersonnels de la médiathèque locale.
Tu me connais maintenant, j'ai eu envie d'écrire deux mots à cette Françoise.
Non mais sans blague, Françoise, quand on pense au mal qu'on se donne pour obtenir une dédicace, conserver des décennies durant un mouchoir imprégné de la sueur d'une idole, un sequin tombé de la veste de Johnny, mettre sous vide un postillon échappé du Pape, le slip sale de Madonna, je ne parviens pas à comprendre comment on peut abandonner un livre qu'on s'est personnellement fait dédicacer, un jour de décembre de surcroît, avec tout le courage que cela induit, affronter le froid, la neige et les congères...
Je n'ai pour ma part que peu d'ouvrages dédicacés à la maison (et pas un de Sempé).
Yasmina Khadra, a eu l'immense gentillesse de me dédicacer "Les hirondelles de Kaboul", il me semble également avoir une dédicace de Bénédicte Guéttier... pour "Trotro est Rigolo" et Caroline Darbonne m'a aussi dédicacée son "Mes secrets gourmands" alors que je n'avais même pas l'âge culinaire de lire son ouvrage.
Bref, ne tourne pas la page, voici enfin où je voulais en venir : si ce livre, qui a appartenu à Françoise, a atterri sur ces étagères, c'est (je ne vois que cette excuse) que ses héritiers l'ont refourgué à la médiathèque du coin.
J'ai donc bien réfléchi en préparant samedi mes pommes au four, et je refuse qu'il en soit de même pour les quelques ouvrages qui m'auront été dédicacés.
Ainsi, j'adresse ce billet à mes enfants et exige, si je meurs (si et seulement si), que mes "dédicacés" soient enterrés avec moi. Je n'ai pas la dédicace partageuse, que veux-tu, c'est d'ailleurs bien là mon seul défaut.
Et pour que justice soit rendue à cet ouvrage laissé sans mère, je compte mettre un bon coup de Blanco sur le "pour Françoise" afin de le remplacer par "pour Bibiche" et déposer parallèlement une demande d'adoption auprès de la médiathèque locale qui le fait se trimballer de famille d'accueil en famille d'accueil sans le moindre complexe. C'est une honte.
Voilà, je voulais te dire, mon petit "Par Avion", de ne plus t'inquiéter, maman est là, tout va bien, maman Bibiche t'aime déjà très fort.