Salut Pollux !
Comme tu le vois, aujourd'hui je suis d'humeur un peu prétentieuse et j'ai choisi un titre qui utilise les 3/4 de ma capacité intellectuelle pour la journée (je me couche tôt normalement, donc j'ai pas besoin
non plus d'une trop grande capacité). Pour te ravir, j'ai donc choisi ces 3 photos prises pendant notre petite escapade dans le Périgord; photos que j'aime particulièrement (mais je suis aussi assez fière d'avoir préparé pour ce soir des fraises au sucre et mis à cuire une petite ratatouille sa mère, je te l'ai dit, aujourd'hui je suis un peu prétentieuse) et qui sont un peu l'idée que je me faisais des vacances en "colo" dans les années 80.
Je précise bien que c'est l'idée que je m'en faisais, car je ne suis jamais allée en colonie de vacances, ça n'était pas vraiment l'esprit de la maison.
J'allais c'est vrai, plutôt chez ma grand-mère, en vacances à 5 km de chez mes parents et dès le premier soir je pleurais devant mon assiette, implorant que mon "pôpa" vienne me récupérer ...
Non, chez nous, les vacances c'était "à domicile", à la campagne, à la faveur de mes angoisses de séparation.
L'été, il faut le reconnaitre, nous avions quelques corvées d'enfants à faire (attention, Jean Valjean c'est pour les prochaines lignes, quitte pas mon Pollux) : cueillir les groseilles et les équeuter, cueillir les framboises (
et les manger), cueillir les cerises et les dénoyauter, cueillir les petits pois et les écosser (je t'aide à réviser tes verbes de l'été au passage) etc , etc ... le pire du pire était bien sûr de cueillir les haricots, parce que les feuilles nous grattaient partout. Les équeuter également nous faisait chier (enfin surtout ma soeur), alors nous tentions, si mes souvenirs sont bons, des méthodes du type, j'en pose 4 l'un à côté de l'autre et les équeute d'un coup de couteau, ou, la méthode plus négligée (de ma soeur), j'en prends beaucoup dans la main et les équeute comme un sagouin, à la poignée (enfin je sais plus si c'était ma soeur, mais comme elle était rebelle ça pourrait être elle ...).
Et puis, il avait la moisson et l’odeur de la moisson. Parfois, nous allions avec une de mes tantes, en Acadiane à travers champs, retrouver mon oncle à peine reconnaissable, recouvert de poussière, pour lui porter une bière : il avait chaud quand même et les conditions de travail dans les champs étaient moins confortables qu'aujourd'hui (il a 132 ans mon oncle, c'est pour ça, c'est vraiment une autre époque, Pollux)). Ma mère quant à elle, râlait et râle toujours, contre cette poussière qui se répandait sur son linge, qui séchait dans le jardin ...
Et puis l'été, il y avait aussi l'odeur du goudron sur les routes de campagnes qui étaient toujours refaites à cette époque de l'année ... Je me souviens de ce réflexe (que nous nous remémorions en riant avec Sweety le WE dernier) qu'avaient alors nos parents de mettre le pouce sur le pare-brise, en marmonnant souvent un "Ha le con ! il va pas ralentir hein !" à l'attention du conducteur qui venait en face et risquait de faire ripper un gravillon sur leur pare-brise ...
Je me souviens aussi que ces vacances étaient l'occasion de retrouver nos amis parisiens qui venaient faire tourner en bourrique leurs grands parents "de la campagne". Nous avions alors découvert à l'époque Michael Jackson qui sortait son album Thriller en l'écoutant grâce au walkman d'une copine qui venait des "Clayes-sous-bois" et avait eu la bonne idée d'apporter le cassette de l'album... Je dois reconnaitre que nous écoutions alors beaucoup de musique à la radio, mais surtout ... la Valise RTL avec Fabrice (plus tard j'ai eu mon transistor pour l'internat et j'écoutais Groucho et Chico, sous la couverture de mon lit. Internat où je continuais de "pleurer ma mère" parce qu'elle me manquait, mais je te rassure, ça c'est calmé depuis ... mon mariage). Bon bref, on n'était pas loin de Paris, mais il y avait visiblement du "différé" quand même dans la transmission des tendances en tout genre... alors on était content de les voir les copains parisiens, souvent plus délurés et audacieux que nous !
Qu'il était doux ce temps des vacances quand j'y repense ! Passée l’adolescence, évidemment, tout cela nous a semblé d'un ennui énorme ... Mais je peux dire aujourd'hui, que tous ces souvenirs me font encore beaucoup rire pour certains et me procurent une réelle satisfaction lorsque je les évoque. Et cette campagne, que nous avions juré de ne jamais trop fréquenter tellement elle était loin de tout et si ennuyeuse, je la souhaite aujourd'hui à mes enfants, pour qu'ils puissent construire comme nous des cabanes et faire, pourquoi pas de succulents gâteaux de boues (Jean Valjean -Acte XII - clap de fin) (et sinon, tu sais maintenant d'où je tiens mes talents culinaires...).
A plus mon Pollux !