jeudi 29 mars 2018

La charge mentale ...

J'aurais pu aussi intituler ce billet "Tout va très bien madame la marquise" chanson de Ray Ventura que tout le monde connaît sans en avoir vraiment jamais écouté attentivement les paroles...
La charge mentale de la marquise à la fin de la chanson est à mon avis à son comble, un peu comme la mienne il y a peu ... Mais je vous rassure, "tout va très bien" ... j'en suis désormais revenue à l'étape "Qu'est ce qu'on attend pour être heureux" (et comme ça, au passage, tu révises ton Ray Ventura...).

J'en étais donc arrivée au stade où normalement plus rien ne devait gâcher mon plaisir, redevenue étudiante, qui plus est dans une grande école, l'esprit nourri à loisirs, des bons camarades de classe que j'aime et qui me font beaucoup rire et réflechir, plus de travail pesant accompagné de son gros zeste de stress et du déplaisir allant avec, libérée de la mauvaise estime de mes "supérieurs", bref, toutes les conditions étaient réunies pour me sentir au top et donner aux autres, ma famille en tout premier lieu, le meilleur de moi même ...

Oui, MAIS...

Il y a quelques temps de cela déjà, ma patience atteignait vite sa limite, ma joie était visiblement retournée au placard, mon enthousiasme pour préparer les repas coincé dans les pages d'un livre de cuisine planqué quelque part, la mauvais humeur prête à dégainer au moindre prétexte, et  l'envie de partir en courant chaque fois que les enfants se chipotaient ou ne faisaient plus rien de mes consignes, était de plus en plus pressante.
J'avais ressorti, avec l'agacement, quelques noms d'oiseaux de mon dictionnaire vénère et la boîte à claque de son vilain placard.

Je n'en pouvais plus ni des réactions des enfants, ni des miennes.

J'ai donc fait appel à une psychologue qui me connaît et connaît mes enfants, celle là même dont j'avais ici il me semble déjà parlé, puisqu'elle animait des ateliers Filliozat, auxquels j'avais participé.

Nous avons donc d'abord vérifié ensemble que mes propres besoins "fondamentaux" étaient satisfaits  : comment cela se passait-il pour moi, du côté du sommeil, des repas, de la santé...
Assez rapidement, nous avons constaté que je dormais bien mais pas assez, que mes repas étaient satisfaisants mais ne collaient pas avec l'image que je souhaitais avoir de mon corps, etc ...
Il s'agissait de "dysfonctionnements", en quelque sorte, auxquels je pouvais remédier.
Ensuite, nous avons évoqué ma relation aux enfants, ce qui m'empêchait de me sentir bien avec eux : leurs petites disputes, les chouineries incessantes de Couiny, le fait que je fasse beaucoup de choses à leur place (tenter de régler leurs "conflits", chercher à leur place un taille crayon, leur préparer minutieusement leurs affaires de piscine jusqu'à leur poser le sac sur l'épaule le matin (j'exagère à peine))etc ...
Les conseils, très simples à mettre en oeuvre, ont été adaptés à chaque cas : 
Par exemple, Couiny me demande sans cesse de ne pas la laisser à la cantine et au goûter, elle pleure quand je refuse et ne se satisfait que peu de ce que je fais pour elle (souvent plus que pour les autres). Le bruit la dérange énormément à l'école. 
Je lui ai donc d'abord démontré, en posant des petits objets devant elle pour l'aider à visualiser et quantifier, que je faisais déjà beaucoup pour elle et que, parce que j'avais moi aussi des choses à faire, je ne pouvais pas en faire plus pour elle. 
Je lui ai également rappelé qu'elle devait s'exprimer plutôt que pleurer à la moindre contrariété, puisqu'elle savait très bien le faire. Après tout, je suis moi aussi trèèèèèèèès sensible au bruit.

La psychologue m'a également donner l'idée de dire à Couiny de fermer les yeux et de penser à une image apaisante pour elle quand le bruit était difficile à supporter.

Nous avons également tenu, le soir même du rendez-vous, un conseil de famille pour que les plus grands comprennent qu'il fallait améliorer, tous ensemble, notre quotidien. 
J'ai insisté sur leurs petites disputes qui nous polluaient tous et gâchaient l'ambiance. 
J'ai également précisé qu'ils devaient trouver eux mêmes la solution quand ils avaient un problème entre eux. 

Petit à petit chacun reprenait ses responsabilités et ma charge mentale s'allégeait.

J'ai proposé de revoir avec eux l'organisation du matin (principale zone de "frottement" ...) pour m'assurer que cela leur convenait.
Mes aînés ayant 10 et bientôt 8 ans, je leur ai demandé de préparer eux mêmes leurs vêtements le soir pour le lendemain, en tenant simplement compte de la saison.
J'ai indiqué que désormais le sac de piscine serait prêt mais que je ne serais plus celle qui y penserait pour eux le jeudi.
J'ai indiqué que tout le monde devait être prêt à 7h40 le matin sans autres obligations.

Enfin, j'ai demandé à Sweety de pouvoir m'extirper de la maison pour faire retomber la pression et respirer un bon coup la pollution de ma banlieue si cela devenait nécessaire et avant que je ne me transforme en vilain cerbère.

Désormais, je dépose Couiny moi même dans sa classe le matin et cela lui fait vraiment plaisir. C'est un assez bon compromis avec le fait que je ne la prenne pas chaque midi et encore moins à chaque goûter avec moi.

Evidemment, il y a eu quelques grincements de dents quand les grands ont compris qu'ils allaient se débrouiller davantage. Mais finalement, ils s'y retrouvent : choisir ses vêtements c'est plutôt cool, rentrer parfois seuls de l'école ils aiment ça aussi et le matin ils sont généralement prêts à l'heure parce qu'ils veulent regarder, avant de partir, un dessin animé...

Il n'y a pas de solution idéale ou miracle.
Mais grâce à ce rendez-vous j'ai compris que je faisais beaucoup de choses qui finalement pouvaient tout simplement être pris en charge par les principaux concernés. En osant se réorganiser de temps en temps on prépare aussi l'avenir. Je ne suis pas indispensable et je n'ai pas besoin de l'être pour être satisfaite de moi. Par ailleurs, en bon principe de base, je dois toujours garder à l'esprit que si mes besoins fondamentaux ne sont pas comblés, je fonctionne avec des batteries vides et si les miennes sont vides, impossible d'aider les autres à recharger les leurs.

Je m'explique...
Lors de l'atelier Filliozat, animé par mon amie psychologue, il y a pile un an, j'avais gardé en mémoire l'image du "sac à dos".
Un sac à dos invisible qu'on a tous sur nous et qui doit toujours être rempli d'amour, de sorte que chacun puisse partir de son côté pour accomplir sa journée avec sa réserve pleine lui permettant ainsi de tenir et faire face aux mauvais mots des autres, aux réprimandes, au stress, aux petits coups de mou... Logiquement, ce sac doit se reremplir dans la journée, d'encouragements, de rires, de satisfaction pour nous aider à tenir le cap jusqu'au soir.

Malheureusement il arrive parfois que nous quittions la maison le matin, fâchés, énervés, tristes, fatigués ...or si notre propre sac part vide dès le matin, il nous sera difficile de donner aux autres ce qui nous manque à nous ...

Pour résumer, en libérant ma charge mentale, en redistribuant à chacun ses responsabilités, je me sens de nouveau moi même, beaucoup moins agressive, plus patiente et surtout beaucoup plus aimante il me semble. En retour assez logiquement l'ambiance s'est apaisée à la maison. Il faut veiller au grain mais il y a déjà, en ce qui me concerne, une nette amélioration ... je suis donc mieux disposée pour accompagner les autres et les écouter davantage.

Voilà ! J'espère que cela aidera certaines d'entre vous qui m'aviez demandé sur Instagram un retour sur ce rendez-vous avec "mon quelqu'un".

(et pour celles et ceux qui me croisent dans la vraie vie, si je vous mords, c'est pas ma faute, c'est que j'ai le sac à dos à sec ah ah AH AH AH rire de dingue). 


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