Comme vous l'avez tous appris ici il y a quelques mois, j'ai fini par obtenir mon permis de conduire à 42 ans et demi ...
"LA LIBERTE tu vas voir", m'avaient vendu certains ...
Qu'en est-il VRAIMENT ?
Eh bien, je dois reconnaitre qu'autant j'aimais conduire avec Eric mon mono, autant cette permission de conduire seule m'a, dans les faits, davantage semblé être un saut dans le vide qu'un souffle grisant dans la crinière.
Ainsi, mes premières heures de conduite "non accompagnée" effectuées, je passais mon temps à geindre auprès de mes amis conducteurs avertis :
"Tu te rends compte, je passe mal mes vitesses, j'ai coupé la route à un vélo, en sortant du parking je ne savais plus si je pouvais tourner à droite ou à gauche, et tous ces papiers qu'il faut penser à prendre avant de partir faire un tour avec sa voiture, combien de pochettes et sacs à mains me faudra t-il à terme pour trimbaler tout ça et cette angoisse au premier plein d'essence ..."
Bref, toutes ces angoisses atroces m'ont donné l'idée d'un billet catharsis... (je suis médecin).
En tête du palmarès des grosses grosses angoisses qui m'ont étouffé, il y a tout d'abord eu celle causée par le syndrome du bras trop court.
Trop court pour prendre le ticket au péage de l'autoroute ou à l'entrée du parking souterrain et toujours trop court à la sortie du parking pour atteindre et introduire le ticket dans la fente. Ticket qui finit par tomber entre la voiture et la borne, obligeant le conducteur novice à des contorsions humiliantes pour parvenir à s'extirper du véhicule, malgré tout trop prêt du trottoir pour permettre d'ouvrir aisément la portière et récupérer de ticket au sol.
Bien plus tard, au péage d'entrée sur l'autoroute, tandis que j'avais réussi à saisir le ticket vomi par la borne, j'ai calé 4 fois, derrière la barrière qui menaçait de retomber sur mon capot jusqu'à ce que je comprenne qu'il était impossible de redémarrer... en première.
Le premier plein d'essence dans ma station de banlieue, m'a également laissé un âpre souvenir.
Précautionneuse, j'avais avant de partir révisé scrupuleusement dans la pénombre de mon parking comment ouvrir et fermer le bouchon du réservoir.
Au bout de "plusieurs" tentatives et d'une réussite partielle, je file à la station, en nage ... Impossible de déverrouiller le bouchon... Une gentille dame que j'ai eu envie envie d'appeler "maman", a fini par me venir en aide.
Et puis il y a eu ce premier créneau...nourri de vaines tentatives de manœuvres devant la terrasse bondée et la clientèle abasourdie d'un bar à chichas près des Champs Elysées. Craignant d'y laisser un plein et de ruiner de sueur mon chemisier en mousseline, j'ai fini par appeler Sweety pour qu'il reprenne le volant et nous fasse quitter les lieux.
Il y a toujours aussi cette terrible angoisse de trouver un vrai mode opératoire pour ne pas avoir à vérifier cinquante fois avant de partir que j'ai le badge du parking, mes clés de maison, de voiture, mes papiers, mon A, mes chaussures plates, un grand sac à main pour y mettre tout ça, un panier dans le coffre pour les courses, la liste des courses, mes lunettes, de la monnaie pour l'horodateur, un jeton pour le caddie, mais aussi pour ne pas oublier le chemin à prendre pour me rendre d'un point A à Géant Casino, à la station de l'Intermarché, au parking du centre ville, chez marraine, chez ma belle soeur, à la Biocoop, chez Décathlon, à Paris, à Boulogne.
Au milieu de tous ces tendres souvenirs, il y a eu aussi cette fois où j'ai finalement appelé mon cher papa à la station essence de l'Intermarché pour lui demander si je pouvais mettre du 95 sans plombs au lieu du 98 ... 42 ans et demi les gars.
Mais tout ça n'est rien en comparaison de cette toute première fois où j'ai pris possession du véhicule chez le concessionnaire en disant, tandis que je n'avais pas conduit depuis 3 mois, "oui oui c'est bon, je vais y arriver" ... Mon Dieu pardonnez moi si j'ai menti (heu, j'ai menti, il faudra VRAIMENT me pardonner).
Aaaaaaaah toutes ces premières fois ... la mise en marche des essuies-glace, des feux de croisement et des anti brouillard...Quel émoi.
Mais bon les gars, pour être tout à fait honnête, j'aimerais finir par dépasser le stade des émotions à tendance transpirantes pour enfin atteindre le Nirvana de la liberté, dont tout le monde m'a parlé. ...Aller chez Ikéa sans appréhension, filer à Paris au moindre caprice, rejoindre une copine dans un quartier saturé de véhicules sans trembler ... Et ça, visiblement, c'est pas gagné...
D'ailleurs, Eric mon mono, si tu me lis, n'hésite pas à me donner des conseils (au stade où j'en suis, je me demande si j'ai bien pris toutes mes leçons de conduite ... #oinnnnnnnnnnnnnn).
Voilà pour le billet de rentrée en mode confessions intimes (OUI, je pousse encore ma première vitesse dans ses derniers retranchements chaque fois que l'occasion se présente).
Et puisqu'on en est là de notre intimité, j'en profite pour passer un message personnel à tous les conducteurs "chevronnés" : il n'est jamais nécessaire de doubler un conducteur affublé d'un A en lui faisant de grands signes d'aberration voire en le saluant d'un doigt d'honneur quand il vous semble avoir commis quelques bouchons ou étourderies de conduite ... (Généralement ce même conducteur chevronné redécouvre le code de la route quand il doit former sa progéniture lors de la conduite accompagnée ... en attendant je vous remets ci-dessous et ci-joint pour faire valoir ce que de droit, les limitations de vitesses, j'ai cru comprendre en conduisant cet été que cela pouvait être utile ...)
A très vite les vilains, derrière la barrière du parking souterrain.