En relisant quelques articles du blog, je me suis aperçue que j'avais un jour évoqué l'éventualité d'un billet concernant mon retour au bureau et ses conséquences sur notre vie au Nid ...
J'avais dit ça et puis, prise par le tourbillon de la vie et les vicissitudes du quotidien (c'est mon 1/4 d'heure des grandes phrases) j'avais oublié, patate.
Voici donc désormais un peu plus de 5 mois que ma vie de maman au bureau, un jour à Rio un jour à Janeiro et surtout entre Saint Lazare et la ligne 13, a finalement repris.
Je quitte donc la maison à 7h00 le matin (quand Sweety sait se passer de mon aide où que, ne supportant plus l'agitation matinale du Nid, je finis par partir en courant) pour avoir le train de 7h18 et retrouver sur le quai ma copine Anne-Sophie...
J'arrive au bureau vers 8h00 (sauf si j'ai cassé un talon de chaussure et que je dois finir à cloche pied, donc) et j'en repars à 16h45 afin de récupérer mes petits : d'abord Couiny à la crèche vers 17h 45, puis son grand frère Fouiny qui est sensé sortir de l'étude à 18h00 mais ne quitte finalement jamais avant 18h15 (sans son cache col, où sans son sac de piscine) et là, la pression commence à monter...
Couiny, qui est épuisée de sa journée de crèche, couine dans la poussette, pendant que nous "patientons" devant l'école.
Je presse donc Fouiny dès que je l'aperçois et je croise les doigts pour qu'il n'ait rien oublié sous le préau, sur le porte manteau dans le couloir, dans la classe, dans la cour, sous l'escalier, au réfectoire, à l'étude ... Nous filons ensuite récupérer Chouiny, une rue plus loin, elle reste le soir à la garderie, il est alors 18h30. Pendant ce temps, Couiny continue de couiner; maintenant elle a faim. Elle nous met à tous la pression. Je presse donc Chouiny qui, les cheveux ébouriffés, arrive, fatiguée comme c'est pas possible mais avec toutes ses affaires. Elle hésite souvent avant de chouiner quand nous arrivons. La plupart du temps, c'est sur les 50 mètres qu'il nous reste à parcourir jusqu'à la maison, qu' elle se décide finalement à chouiner, au motif qu'elle est fatiguée, que son frère l'a regardée, touchée, poussée, a secoué ses fesses sous son nez, lui a parlé etc.
A ce stade, j'ai envie de proposer un jeu dans lequel maman partirait immédiatement sur une île déserte, où une bassine de mojito bien frais l'attendrait. Usée par toutes ces pleurnicheries, lestée comme un baudet, à deux doigts de l'otite nerveuse, je cherche encore à leur parler avec gentillesse, m'enquérant des maux de chacune pour au final tenter de faire taire cette sirène en stéréo. En vain.
Fouiny pendant ce temps, égale à lui même, saute dans tous les sens bien que fatigué. Aussi.
Nous arrivons à la maison vers 18h35, j'ai l'impression d'être Zézette dans le Père Noel est une ordure, tellement tout un tas d'affaires est accroché à mon caddie ma poussette.
Nous entrons dans l'appartement, je suis tendue comme un string, prête à tout quitter pour mon île déserte. Les petits entrent, aucun ne lit les affiches que j'ai eu la fine idée de coller dès l'entrée, je redis donc qu'il faut retirer les chaussures, ramasser les manteaux, les accrocher et aller DE TOUTE URGENCE SE LAVER LES MAINS.
A ce stade, je suis au bout du rouleau, ou presque.
Couiny n'a pas cessé de râler, mais maintenant c'est parce qu'elle a faim. Elle boufferait un bœuf, mais elle va devoir attendre que je lui ôte son manteau de laine "serré serré", son gilet, sa cagoule, son écharpe, ses chaussures. Elle couine depuis 3/4 d'heure s'en est insupportable, mais j'ai ma petite chanson dans ma tête, un verre de mojito imaginaire dans la main.
De leur côté, les grands se chipotent, Chouiny en profite pour trouver un nouveau motif pour chouiner : Fouiny ne la laisse pas terminer ses phrases, ranger ses chaussures, lui a marché sur les mains, a fait tomber son serre tête Reine des Neiges etc etc ...
Couiny est enfin en pyjama, je réchauffe son blédichouf . Il est 18h45 (j'ai l'impression pourtant que le temps a filé et que nous sommes en retard sur le planning (hâte que tout le monde soit couché, c'est le seul impératif du planning). Pendant ce temps, je rappelle aux deux autres qu'ils doivent mettre leurs vêtements au sale ou sur leur cintre respectif puis enfiler leur pyjama.
Bon an mal an ils finissent par y parvenir, Chouiny arrivant dans le salon avec un problème de fesses qui grattent et Fouiny avec le nez qui coule.
Si tout se passe bien, les plus grands passent à table à 19h00 (c'est une souplesse logistique que mon corps a deux bras m'a imposé puisque je ne parviens plus à nourrir tout le monde en même temps pour 18h30, Couiny râle beaucoup trop pour que je supporte de la faire attendre davantage).
A ce stade Couiny est rassasiée MAIS continue de couiner parce qu'elle est visiblement très fatiguée, ou simplement par principe, je ne sais plus trop.
Je me hâte de mettre la table pour les deux plus grands et de préparer leurs plateaux que je leur demande de débarrasser seul une fois leur repas terminé. Pendant qu'ils dînent face à face et cherchent un sujet pour se contrarier l'un l'autre, je file changer Couiny, lui nettoie le nez, les mains et change sa couche après lui avoir administré sa dose de Flixotide et de ventoline si besoin (nous en sommes à la deuxième infection pulmonaire en 1 mois et demi, il faut donc parfois ajouter un traitement antibio et une dose de doliprane quand les poussées dentaires sont difficilement supportables pour elle). En bruit de fond, j'entends Chouiny qui m'appelle, se fait interrompre 100 fois par Fouiny, monte le son pour être mieux entendue et finit parfois par se fâcher contre son frère qui l'énerve, l'éneeeeeerve.
De mon côté je ne réponds pas, de toute façon entre les couinements de Couiny, les interventions de Fouiny et la distance qui nous sépare toutes les deux, je n'entends plus rien. Je couche enfin Couiny et j'arrive dans le salon, exténuée. Je m'agace auprès des deux ainés qui auraient pu mieux s'entendre et faire moins de bruit, puis je les presse pour qu'ils terminent. Il est 19h15, je leur dis "nous sommes en retard sur le programme" (= aller vite se coucher)...
Bref, je ramasse les miettes qu'ils ont semé autour des plateaux, des tabourets, de la table, au pied du canapé. Mes yeux me piquent, je regarde ma montre.
J'espère que Couiny qui dort dans la même chambre que son frère et sa sœur, va vite s'endormir pour que je puisse vite les coucher aussi. MAIS, j'attends un peu quand même qu'elle soit bien endormie pour être certaine qu'ils ne la réveilleront en rejoignant leur lit. Nous lisons donc 2 histoires pour patienter, chacun choisit la sienne et nous disons chacun notre prière (classiquement Chouiny prie la Sainte Vierge pour que ses ongles poussent et qu'elle puisse mettre du vernis à paillettes, Fouiny prie pour que Couiny dorme bien et que l'on soit une famille heureuse et moi je prie pour aller vite me coucher, merci Seigneur).
Il est ENFIN 19h50, les enfants ont brossé leurs dents, sont allés aux toilettes, tentent le tout pour le tout afin de retarder le moment de se coucher et donc ont oublié la prière, voudraient une autre histoire, cherchent un ultime prétexte qui finit par m'exaspérer et nous nous quittons fâchés, les nerfs en pelotes de laine bouillie pour ma part.
20h00 chacun est couché, on est en retard sur le programme, il me reste sans doute une lessive à étendre, deux trois trucs à ranger, la table à dresser pour le dîner des "adultes". J'envoie un sms à Sweety pour qu'il ne fasse surtout pas de bruit en rentrant "LES ENFANTS SONT COUCHES" ... et ENFIN je vais faire pipi.
Bien évidement, il est des soirées plus douces, où l'un des deux grands me propose son aide ou accepte de me donner "un petit coup d'aide" si je lui demande et là, quel plaisir !
La douche est prévue un soir sur deux pour les enfants parce que je ne peux pas être partout et qu'un soir sur deux cela me laisse un peu de "mou" ... pour faire autre chose.
Voilà, la reprise s'est bien passée, mais c'est étrange, j'ai l'impression que le rodage n'est pas terminé ... On en reparle dans 6 mois, d'ici là les enfants auront grandi !