Depuis samedi, nous avons un chaton à la maison.
Il a trois mois et il est noir "noir noir" comme dans le sketch de Muriel Robin, dont on ne rit peut-être plus aujourd'hui, je ne sais pas.
Bref.
Ce matin j'avais décidé de l'emmener chez le vétérinaire pour son premier vaccin. La clinique étant idéalement située, au bout de la rue, nous sommes partis tous les deux, le coeur en fête, lui dans son sac à chat, moi dans mon angoisse.
J'ai peur des chiens.
Quand je suis arrivée, j'ai eu l'agréable surprise de constater que nous étions les premiers et surtout que nous étions seuls. Malheureusement, nous avions 30 minutes d'avance sur l'heure des consultations... une éternité pour mon chaton et un supplice pour moi quand j'ai vue la salle d'attente se remplir de chiens.
L'heure tournait péniblement mais à 10h tout pile, le vétérinaire est passé derrière le guichet et a commencé à consulter la liste des visiteurs.
Afin qu'il me sorte de mon agonie et qu'il me distingue dans la salle, j'ai tendu un cou de girafe et ouvert des yeux gros comme ceux des lémuriens, en le tchekant bien eyes in the eyes, convaincue que dans un tel endroit, c'est le langage corporel qui sauve.
Et j'ai eu raison !
Il m'a alors interpelée : "c'est vous le chaton ?".
J'ai failli dire, non c'est Sweety (mon époux que j'appelle comme ça quand j'ai un truc à lui demander que son instinct de mâle ne le pousserait pas à faire "naturellement"). Mais j'étais sous le choc entourée de tous ces chiens. J'ai juste secoué la tête et je l'ai suivi dans son cabinet où j'ai sorti le fauve de sa cage.
Bien sûr j'avais ma liste de questions mais j'ai tout de suite demandé une manugriffure en plus du vaccin... on a ensuite échangé deux minutes, en mode éducation "bienveillante" (enfin surtout moi parce que clairement j'ai vite vu que c'était pas sa came) : était-il raisonnable de laisser seul un chaton dormir dans la cuisine la nuit, que fallait-il faire s'il déguenillait mes rideaux en lin naturel, pouvais-je lui mettre une claque de doigt sur la truffe en lui disant "non, c'est non", fallait-il lui brosser les cheveux et sinon, quelqu'un de fort pourrait-il venir, putain de merde, le tenir le temps du vaccin sinon j'allais m'évanouir ?
Puis il lui a compté les roubignoles, m'a assuré qu'il s'agissait bien d'un mâle et a pris, en continuant de me parler, sa température (et c'était pas sous le bras). Là je ne cache pas que j'ai dû faire appel à mon super-pouvoir de dédoublement de personnalité pour assister à tout ça sans montrer aucune gêne.
Est ensuite venu le temps de prendre le rendez-vous pour le rappel du vaccin.
Tandis que mon cerveau de lémurien pensait à la meute de chiens qui m'attendait et à celle qui serait là au prochain rendez-vous, j'ai osé coming outer (c'est du franglais sorry) ma phobie.
En vérité, il avait capté que j'étais une mère lémurienne psychotique et flippée, parce qu'il a proposé d'emblée de me faire venir en dehors des heures de consultations (je pense même que dans sa mansuétude, s'il avait pu, il m'aurait sur le champs vaccinée au lexomuche).
C'est alors, mes amies.s, tenez vous bien, qu'accoudée au comptoir pour régler les dernières formalités administratives (mon autre phobie), j'ai vu un des chiens se soulager d'une violente diarrhée.
Et c'est sûrement à ce moment précis que j'ai vraiment failli crever. Mais le Seigneur en avait visiblement décidé autrement.
En mode sckizophrenique Marie Martine, j'ai d'abord contenu deux trois hauts-le-coeur, puis j'ai couru vers la sortie, abandonnant au comptoir chaton en cage et toute dignité.
Cinq minutes plus tard peut-être, les yeux exorbités (regrettant l'alcool de menthe sur un sucre de ma mère, ou le grog de ma grand-mère qui soignait si bien et faisait tout oublier), je suis courageusement retournée dans le cabinet, m'abstenant totalement de respirer, tentant de soustraire à ma vue, la flaque de selles encore mal épongée.
Malgré tout mon courage, ou bout de quelques instants et bleue d'asphyxie au comptoir, j'ai dû me résigner de nouveau à sortir en courant, hoquetante, ne parvenant même plus à me raisonner pour trouver le prétexte de revenir (en dehors du fait que mon chéquier était resté grand ouvert à l'intérieur ...).
M'ayant perdu de vue entre deux coups de fil au standard, le vétérinaire est venu me rejoindre sur le trottoir pour me dire "je m'occupe de toute la paperasse Marie Martine et dès que c'est bon je vous dis de revenir".
Croyez le ou non je n'ai jamais été aussi rapide pour régler des formalités administratives et je suis rentrée chez moi, pressée comme si j'avais la diarrhée, épuisée comme si j'avais passé la matinée à prendre la température de tous les chatons des Hauts de France ....
Bref, j'y retourne dans un mois pour le rappel de vaccin et 2 semaines après pour les roubignoles ...
On n'est pas sorti de l'auberge.