Je sais pas toi, mais pour moi prendre le train pour me rendre de ma banlieue au bureau c'est environ 10 à 15 minutes de vie communautaire chaque jour.
Si j'ai de la chance, je voyage soit avec un bon livre (maintenant que tu sais que je suis une intellectuelle *, je peux te le dire) soit avec ma copine de la Procure...
Mais souvent, je suis importunée. Pas parce que je suis précieuse, ni bégueule. Naaaaaannnnn.
Figure toi que dans le train, y'a des artistes.
Évidemment on devrait se comprendre, entre artistes. Mais y'a pas moyen; me faire traiter de s....., ou être associée à "la bande de c..." dès potron minet, parce que j'ai pas donné 1 euro au nanard qui déclamait ses propos aussi incohérents que dans la rime, ben j'avoue, ça me met moyennement en joie. Et encore, je suis d'un tempérament plutôt festif...
Ouais, donc du nanard qui insulte, du nanard qui parfois déballe sa tirelire (ou son fendu, c'est comme tu veux) au carreau du train (sous tes applaudissements !), du musicien aussi.
Évidement, pour le coup d'accordéon t'as pas forcément passé commande non plus, mais tant pis, c'est quand même pour ta pomme, c'est compris dans l'abonnement du Pass Navigo.
"La musique adoucit les mœurs" hein . Bon, ça dépend de ta nuit ou de ta journée au bureau. Parce que bien que mélomane, crois moi, Yvette Horner je la sacrifierais volontiers sur l'autel des brises tympans. Et pourtant je te le dis, j'ai du coeur et même si je m'étais laissée aller "j'aurais fait assistante sociale".
Une dernière catégorie peut être pour que l'analyse soit complète : celle qui te soulève le coeur.
Je t'ai pas dit, mais quand on est revenu de Lyon, un type, la trentaine, aux dents du bonheur, est monté dans mon train de banlieue. Il a pris un air intelligent pour lire les étapes du trajets affichées dans le train (20 secondes); il a jeté un œil torve dans la rame (20 secondes), est resté sur place, prêt de la porte ouverte (30 secondes), pendant ce temps mon instinct mettait toutes mes sentinelles corporelles "en avant du corps" (c'est du Bergson *), mais je ne savais pas laquelle mettre le plus en avant...
Le signal a été donné pour le départ, les portes se sont fermées, le type est passé, lentement auprès de chacun pour demander "une pièce, un ticket restau". Poliment j'ai répondu que je n'avais pas de pièces (5 secondes). Il s'est barré, laissant trainer derrière lui une odeur immonde, infâme et tenace. Je te le donne en mille, le peu de temps qu'il est resté dans la rame a pourri tout le monde, une infusion sur patte le mec ! A ce moment là j’aurais donné n'importe quoi pour échanger l'infusion contre un air d'accordéon !
Au fait, demain je retourne au bureau, je te laisse, je vais préparer un mouchoir avec un peu de menthe, comme ma grand-mère, quand elle part à Lourdes.
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